Je ne me sens pas très courageuse. Je suis assise à mon bureau, avec la sensation de ne « pas avoir foutu grand chose de ma journée ». Et pas très inspirée pour aller conquérir le monde.
Depuis ce matin j’ai marché pieds nus dans l’herbe, concocté un p’tit dej de fraises et papaye, discuté avec Laure, arrosé les plans de tomate, pratiqué de la gym douce, 3 heures de sieste, de l’eau au concombre, mis du blé à germer ….
Quelque part, ça me semble insuffisant. Ma tête navigue en instantané la liste de tâches que j’accumule depuis quelques jours en me suppliant: « Fais au moins un truc. Au moins un. »
Est-ce que c’est tout ce que je vais faire aujourd’hui ? C’est tout ce que j’ai à offrir ?
Dans ce temps, J’ai contribué du repos, de l’étonnement, de la lenteur, l’émerveillement du chants des oiseaux, un plat pour lundi de pâtes au romarin, souhaité que les humains se relient à la nature quand ils mangent des produits de la terre, de la tendresse, donné du temps, contemplé l’ombre des arbres…
Comment est-ce que j’en suis arrivée à me demander si je suis assez « efficace »? Comment est-ce que j’ai pu rétrécir mon regard sur la Vie à travers le tout petit (et peu naturel) spectre de l’efficacité ?
Est-ce que la Vie se résume à en faire un max, comme on remplirait un Matatu? Les matatu sont des minibus au Kenya qui semble accueillir un nombre presque illimité de passagers. Quand leur capacité maximale a été atteinte, 4 ou 5 personnes y grimpent, encore et encore.
Est-ce que la Vie n’est pas plus spacieuse, plus généreuse et compréhensive ?
Si aujourd’hui, j’avais offert au monde un seul regard émerveillé, est-ce que ça n’aurait pas été sublime?
Alors, s’il te chatouille la sensation que tu n’en fais pas assez
Offre à la journée un regard glorieux
Et vois comme le monde te souris, heureux.