La semaine dernière je racontais à une maman comment faire un choix peut-être épuisant (et ce qui se passe dans les coulisses). Elle était interloquée par son fils qui n’arrivait pas à décider ce qu’il voulait dans son sandwich. Elle le voyait bloquer sur quelque chose qu’elle trouvait anodin et sans difficulté. Voulait comprendre ce qui se passait pour lui pour mieux l’aider.
Pour moi c’était plutôt évident. Il n’en faisait pas tout un plat. Il était submergé par de rapides mouvements intérieurs.
Pour mieux lui expliquer, j’ai raconté comment, parfois, mon esprit pouvait partir en vrille et butter sur une seule question. Ca venait de m’arriver, une amie m’avait envoyé un SMS « Quelle couleur, le hibou autour du cou? » Elle était en train de tresser un collier et me demandait la couleur que je voulais. Je me suis figée.
Voila qui se jouait en dedans. Bleu ou vert? ou Indigo ou doré ou blanc ou noir. Et puis ça dépend de la matière, si c’est du fil ou des perles, de la texture, de la lumière. Et la taille? Si je le porte avec ma robe bleue, il pourrait être doré, mais pas si je le porte avec mon t-shirt vert avec un col en V. Et puis alors la taille? Est-ce qu’il se porte très près du cou, ou plus bas, et si je mélange 2 couleurs, et si je change juste la couleur des yeux … Et ça a continué en boucle.
Je me suis figée sous l’avalanche des pensées. Epuisée. Impuissante. Déconnectée. Trop à gérer. Ne sachant pas comment traiter. Ou suivre la vitesse des idées. J’ai ignoré son SMS, n’ai pas répondu, tout en étant en état de pénible indigestion.
Alors que je débitais le dialogue intérieur à la vitesse à laquelle il s’était présenté, j’ai vu les yeux de la maman s’écarquiller d’étonnement. J’ai su qu’elle avait capté. Elle avait entre aperçu les mondes intérieurs et ne préparerait plus jamais un sandwich comme avant.
Donc, quand un petit bout se tait, c’est peut-être que sa tête se déchaine, pas qu’il ne sait pas quoi mettre dans son sandwich.